Collège de Floirac (33) : quatre fonctionnaires portent plainte pour harcèlement au travail

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Ils ont porté plainte contre X. À l’origine d’un an et demi de tension, la gestion des appartements de fonction, qui a miné les relations entre le principal et ses subordonnés.

La crise du logement, version cour de récré. L’histoire pourrait prêter à sourire si certains protagonistes n’étaient pas aujourd’hui dans un état psychologique particulièrement fragile et qu’une enquête n’était pas en cours sur les dix-huit derniers mois au collège Georges-Rayet, sur les hauts de Floirac. Si l’établissement ne se fait guère connaître par la turbulence de ses élèves venus de la ville et des coteaux voisins, les adultes s’en chargent.

En 2009, l’agent technique de maintenance, en poste depuis trois ans au collège, est enjoint, « pour nécessité absolue de service » de quitter Tresses où il habite, et d’emménager dans un des quatre logements de fonction. Avec sa femme et ses trois enfants, ils se sentent plutôt à l’étroit dans un F3 de 78 m2. À la rentrée 2011 et l’occasion du changement de principal, l’agent suggère au nouveau dirigeant, qui de par sa fonction, a droit au plus grand espace (90 m2 environ), d’échanger les logements.

« Il a refusé, nous promettant une mezzanine », raconte l’agent. Les trois autres appartements en sont en effet pourvus. L’année se déroule sans que rien ne se passe. Le syndicat Sud CT33 s’en émeut, bientôt rejoint par la Ligue des droits de l’homme (LDH). Voisine de ces deux appartements, et ne comprenant pas que l’échange ne se fasse pas, la gestionnaire du collège a le malheur de s’en ouvrir au principal. Ce dernier le prend mal, « m’accuse d’anti-sarkozysme primaire » et réaffirme son refus de céder son logement. Détail : le principal ne l’occupe presque jamais. 

La gestionnaire en parle bientôt au Conseil général, responsable des locaux et employeur de l’agent technique.Sud CT33 et la LDH mettent également la pression, pointant du doigt le bateau que le principal gare au collège et vient laver le week-end, comme la lumière qu’il laisserait allumée dans l’appartement vide pour justifier d’une consommation.

Le Conseil général tente-t-il une action de médiation et de retour à la raison ? Non : il construit à l’automne 2012 une mezzanine dans l’appartement pour plus de 40 000 euros.

Au collège, l’ambiance entre les acteurs du conflit est détestable. L’évaluation de la gestionnaire par son supérieur est difficile, et la fonctionnaire est en arrêt maladie pendant trois mois à la rentrée 2012. Elle n’est toujours pas revenue travailler au collège, même si elle a effectué un remplacement au collège Ellul à Bordeaux, qui de l’avis de tous, s’est très bien passé.

De son côté, l’agent technique de maintenance raconte une polyvalence forcée, le refus du dirigeant de lui parler et un état psychologique qui se dégrade : psoriasis nerveux et début de dépression sont diagnostiqués. Il est en arrêt maladie depuis janvier. Le quotidien autour des logements de fonction reste très tendu, et en juillet dernier, quatre plaintes contre X sont déposées.

Agent et gestionnaire sont en effet rejoints par deux autres agents techniques d’entretien qui disent avoir subi aussi brimades et intimidations pour avoir semblé soutenir leurs collègues. « Il a divisé le collège », dit l’une d’entre elles. C’est intenable. »

Côté direction, on ne veut pas s’exprimer publiquement mais on mentionne une récente pétition de soutien des enseignants, de l’administration et de « la moitié des agents ». Le Rectorat, patron du principal et de la gestionnaire, a « proposé » en mai à cette dernière dans un entretien « traumatisant » une mutation à Carbon-Blanc, qu’elle a refusée. Au Conseil général, on dit avoir constaté « un agent en grande souffrance dont l’état est confirmé par les expertises diligentées », selon les mots de Sylvie Loiseau, la directrice générale adjointe de la collectivité. Et d’indiquer une affectation dans un logement du nouveau collège Montaigne pour le 4 novembre. « Tous les appartements y ont la même taille », précise la dirigeante.

Sud CT33 et la LDH s’insurgent d’une « triple peine » : « Ces agents sont victimes de harcèlement reconnu médicalement, de conséquences physiques et psychologiques et ils sont de surcroît mutés sans que la direction du collège ne soit mise en cause », s’exclame Jean-Claude Guicheney pour la LDH. L’enquête, confiée au commissariat des Hauts de Garonne à Cenon, est en cours.

 

SUDOUEST DU 17/10/2013